“Au moins il ne pleut pas” ou leçon du dimanche.

Il y a parfois des moments qui scotchent. Souvent, c’est une phrase qui tombe, comme ça, au détour d’une journée banale. Ou a moitié banale. Je me souviens, il faisait froid, j’étais maussade dans la queue in-ter-mi-na-ble d’une pharmacie qui laissait ses clients attendre à l’exterieur, sur le trottoir. Qui les laissaient attendre beaucoup. J’appris plus tard que les dimanches en Seine & Marne, il y a très très très peu de pharmacies de garde, pas pratique pour le plus grand département de France.
Enfin, c’est un autre débat.

Il faisait froid, j’étais maussade, impatiente, chagrine, c’était dimanche, j’étais à Saint Mammès. Sur l’autre rive, le marché. Ce marché, que j’ai tant adoré. Tant adoré. Parce que j’y ai rencontré des amis. J’y ai rencontré Reine. Et Reine est partie. Et donc j’étais dans cette queue, maussade. J’étais du mauvais côté de la rue. Et en 2024, il m’est arrivé souvent de penser que j’étais dans un côté qui ne m’allait pas.

Devant moi, un homme avec un bandage à l’oeil. Plus malchanceux que moi, donc, qui avait mes deux yeux pour observer à la fois que je voyais le marché tout gris, et pour constater que la queue n’avançait pas.

Lui, il n’y voyait que d’un oeil. Il devait avoir mal, il était devant moi, qui m’impatientait, parce que j’avais froid, parce que j’étais à Saint Mammès, et que j’étais maussade et que le marché était gris.

Il m’a regardé, de son seul oeil. Avait-il senti que j’étais maussade et que mon marché coloré était gris ?

Avec un sourire rempli de tendresse, il m’a dit : “au moins il ne pleut pas”.

Et. Oui. Au moins il ne pleut pas… J’ai trouvé ça si joli, que ça a sa place ici.

“Au moins il ne pleut pas.”. L’attente a encore duré une petite heure., mais elle m’a paru moins dure.

Et il n’a pas plu.

Précédent
Précédent

Il y a une éternité, il y a un siècle, il y a un an…

Suivant
Suivant

Cheveux en quatre.