Cheveux en quatre.
Il est des sujets plus importants que d’autres, non? Celui-ci est une petite coquetterie. J’adore regarder les autres. J’adore imaginer leurs grandes idées, leurs renoncements, leurs petits secrets.
Parmi ces observations, mes préférées, c’est les voyages capillaires.
Parce que oui. Certains se lancent dans des voyages - que dis-je, des épopées, capillaires. Au commencement de mon étude sur ces étranges pérégrinations, il y avait un maitre nageur, professeur d’aquagym…
Chaque mardi (c’était le mardi), dans cet univers fait d’humidité, pris dans l’étau d’un uniforme imposé, un short noir, un tee shirt rouge, mon maitre nageur arborait (très souvent, vraiment, très souvent) une coupe différente. Une prouesse technique, me dis-je : comment avoir tant de créativité avec si peu de cheveux sur la tete… Du blond, une mèche, pas de mèche, du gel, pas de gel, une raie au milieu, ou gominé. Parfois il poussait le bouchon avec des paires de lunettes différentes (de soleil, of course), et une attention totale à ne pas être décoiffé. Il se recoiffait pen-dant qu’il bougeait.
Je confesse ici ma non assiduité à ses consignes, bien trop occupée à être intriguée par ce qui devait le motiver (je n’ai toujours pas la réponse).
Ces constats auraient pu tomber dans les nimbes de mes diverses pensées. Et avant-hier, alors que ça ne m’avait jamais frappé jusqu’alors, la caissière de mon Auchan préféré, pareil, cheveux courts, uniforme rouge, était sur le même chemin… Capillaire.
Sans sourire, jamais, semblant ne pas faire attention à elle - et pourtant ! C’était frappant. Avant hier, du rouge, hier encore, des frisottis auburn, et aujourd’hui… du blond platine. C’est là, que je me suis dit que je tenais quelque chose.
Un peu tiré par les cheveux.
J’aurais bien essayé d’analyser le pourquoi, le temps passé, les motivations derrière chaque changement, mais je crois que ce que je préfère par dessus tout, c’est attendre… la prochaine escale.