Etre une veuve.

C’est un role, ça, veuve? Je ne sais pas. Ca fait bizarre, dit comme ça…
Ca rend surtout triste. “Etre une veuve”…
C’est être quelqu’un qui a perdu quelqu’un, mais être quelqu’un quand même avec plein de quelqu’uns autour.

C’est être plus tout à fait entièrement soi. C’est continuer d’être, quand même.
C’est être à peu près comme avant, plus tout à fait comme après.

Quand j’écris veuve, c’est veuve d’une amitié. Je ne sais pas si c’est pire de perdre un mari.
En tous cas, perdre une amie, pour moi, c’est un bout de mon coeur qui est parti.

Qu’est ce qu’on peut aimer ses amies… Qu’est ce qu’on peut s’aimer, entre amies.

Je suis de celles qui s’offusque en grand, quand mes amies sont traversées d’injustices.
Je suis de celles qui rit très fort, à se faire pipi dessus, avec mes amies.
Je suis de celle qui s’indigne, qui soutient, qui écoute, qui confie. Qui aime, quoi.

Je me suis demandé même si c’était pas plus pur, encore, que d’aimer ses amies. Parfois plus qu’un mari, qu’on aime aussi. J’ai laissé au féminin, j’ai envie de dédier cet article aux amies, celles qui me liront.
Qui peuvent me lire, parce qu’elles sont là.

Celle qui n’est plus, c’est peut-être celle qui a insufflé l’exigence d’écrire, ici. Peut-être une mission divine, pour se dire que dans le deuil, on a pas tout perdu.
Un cadeau de son ciel, peut être, comme la discipline de s’y mettre, puisqu’on a le bonheur de le pouvoir.
Je ne dirai pas le courage, le courage, ça a été la lutte contre le cancer, qui a fini par gagner.

Qui a fait de moi une veuve, donc.
Une veuve qui s’est mis à écrire pour de vrai.
Une veuve du côté de la vie, alors.

Qui se met à raconter la sienne !

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